Femmes confinées : femmes violentées ?

Une interview par Zoom : Mme Duvialard a posé à Mme Lorin, déléguée aux des Droits des femmes à la Préfecture de l’Indre et Loire, les questions que nous avions préparées et a tout enregistré.

Davantage de violences ?

     Nadine Lorin se bat pour les droits des femmes à la préfecture de Tours et nous l’avons interrogée sur la situation particulière des femmes lors du confinement et les moyens de trouver des solutions à leurs problèmes. Nous avons lu dans la presse nationale que les violences conjugales envers les femmes avaient augmenté de 30 % depuis les début du confinement. Nous nous disons que pour une femme être enfermée 24h sur 24 avec un conjoint violent, c’est ce qu’il peut arriver de pire.
     Mais selon Nadine Lorin, « dans le département, on ne constate pas une augmentation mais plutôt une diminution. Il faut être vigilant avec les chiffres car 30 % de plus c’est le nombre d’interventions en plus des forces de l’ordre dans les foyers. Évidemment, puisque tout le monde est confiné, il y a des tensions qui peuvent s’opérer dans les foyers en étant les uns sur les autres 24 heures sur 24; donc la vie peut vite devenir plus compliquée quand on n’a pas de jardin, quand on est à l’étroit. Donc si on fait le tri entre violences et conflits, on s’aperçoit qu’il y a une baisse des violences.
      Malheureusement elles ont peu la possibilité de parler, d’aller porter plainte, de saisir une association ou même la déléguée aux droits des femmes. Et donc je pense que le gros des violences va arriver après, quand on va pouvoir être complètement déconfinés et que les messieurs vont repartir dans les entreprises.»

Des solutions

Bien que confinés, nous avons travaillé à distance : « On a mis des systèmes en place dans le département. Les femmes pouvaient alerter la police dans les pharmacies. On a pris contact immédiatement avec le Conseil de l’Ordre Régional des Pharmaciens. Donc ils ont évidemment été tout de suite partants puisque qu’ils avaient aussi des directives nationales pour aller dans ce sens là.

Pour le moment le retour que j’ai est vraiment très minime pour les pharmacies mais ça a quand

même été utilisé au moins pour quatre situations que je connais.
Ensuite on a aussi mis des affiches dans les supermarchés et les grandes surfaces. C’était important que le milieu rural puisse être contacté via ces affiches avec tout un tas de numéros de téléphone d’urgence.

On a également distribué, par le biais de la gendarmerie et de la police également, de toutes petites cartes miniature avec trois numéros seulement, pour les donner aux femmes. Elles peuvent appeler quand monsieur dort ou qu’il est parti faire une course. Donc vraiment un truc très discret qu’elles pouvaient cacher sur elles pour pouvoir appeler à l’aide. »

Une veille de tous les instants

Madame Lorin est la « seule déléguée aux droits des femmes, ce qui malheureusement est ridicule. » Mais elle travaille avec l’équipe de la Préfecture « avec le directeur cabinet et la préfète qui s’intéresse énormément à cette problématique des violences faites aux femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes globalement. » Elle communique également avec ses partenaires, des « structures associatives de manière à voir où en était le réseau » et leur a « demandé de (lui) rendre des données semaine par semaine pour voir s’il y avait une hausse des violences ou pas dans leur prise en charge. »

Que fait la police ?

Malgré le confinement, « les policiers interviennent très facilement parce qu’ils connaissent le fait que les femmes sont confinées avec des auteurs de violences donc forcément elles sont plus exposées puisqu’ils sont ensemble 24 heures sur 24. Ils interviennent dès qu’il y a une alerte mais il faut savoir que justement il y a très peu d’alertes. Il y a des alertes des voisins qui entendent des cris, se plaignent de tapage. Quand ce sont des violences, c’est rarement la fille elle même qui appelle. Quand elle profite d’appeler pendant que monsieur dort, la grosse difficulté c’est que ce n’est pas pris sur le fait ! C’est la parole de madame contre la parole de monsieur sauf si il y a des traces bien évidemment. C’est très compliqué, on ne peut pas aujourd’hui, en France, interpeller quelqu’un sans aucune preuve. » Il ne faut pas oublier les enfants : ils « peuvent être « co-victimes»¹ mais les

violences sur les enfants ne sont pas forcement liées aux violences sur les femmes. »

Dur d’être femme !

« Le confinement pèse plus lourd pour les épaules des femmes. De plus, le harcèlement de rue a augmenté de 30% (des hommes vont être grossiers, lourds, menaçants… avec des passantes ). Les femmes ne sont pas du tout en sécurité dans la rue si elles rencontrent des individus comme eux. Mais ils ne sont pas tous comme ça. Les femmes sont toujours jugées pour comment elles se comportent,s'habillent et en particulier la longueur de leur jupes. 98% des femmes qui ont été interrogées se sont fait harceler dans un lieu public. Quand il s'agit d'une scène où la femme se fait harceler et qu'il y a beaucoup de monde, les personnes attendent que quelqu’un fasse le premier pas pour réagir. Donc plus il y a du monde et moins de personnes réagissent: ça s'appelle l'effet spectateur où chacun attend l'autre. »
Mais tous ne sont pas lâches, « il y a quelques mouvements de solidarité entre voisins aussi qui nous on dit : « J'ai hébergé ma voisine, alors qu'on était en confinement ».

Soigner les hommes

«  Pour ce qui est des hommes on les prend déjà en charge dans le département, depuis 2007, on a des soins thérapeutique pour les auteurs de violences conjugales et ça marche très bien »
Le PP pense que c’est difficile mais, Mme Lorin est confiante : «  oui on arrive a faire changer des choses car c'est un trouble du comportement et pas un problème psychiatrique » «  ils peuvent venir poussés par leur famille ou par la justice mais aussi obligatoirement après ou avant un procès. »
Le PP trouve étrange que ce soit toujours les hommes qui font preuve de violence : « Je pense que ce sont plus les hommes qui brutalisent car on leur dit toujours qu'ils sont grand, costauds, forts. Deux petites filles qui se bagarrent ça ne s’appelle pas une bagarre, mais un crêpage de chignon… On ridiculise beaucoup le côté agressif des filles. Une fille agressive, ça fait rigoler tout le monde, les garçons agressifs c’est beaucoup moins marrant, on les prend beaucoup plus au sérieux. Quand c’est une femme qui exerce des violences, elle sort tellement du lot qu'on en fait presque des romans. »

Haut les coeurs !

Tant qu'on pensera que les femmes doivent être douces et gentilles, elles seront dans l'ombre des hommes et il sera extrêmement difficile d'accepter qu'elles puissent se positionner différemment.

Manon, Andréa et Malak   

1 Personne victime sans forcément recevoir de coups, par exemple en étant spectateur.

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© Le Presse-papier & Collège Philippe de Commynes (Tours) 2020

 
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