Femmes, filles : vous avez des droits
une interview exclusive
      Mme Lorin est déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes à la Préfecture d’Indre-et-Loire pour le ministère des droits des femmes rattaché au 1er ministre. Celle-ci travaille sur deux grands champs : la prévention et la lutte contre toutes les formes de violences exercées sur des femmes, et les inégalités entre les femmes et les hommes.
 

Presse-papier :
Malgré la loi qui rend les hommes et les femmes égaux, on constate des inégalités, des violences, et la pauvreté plus marquée chez les femmes. Pourquoi cela n’évolue-t-il pas ?

       Mme Lorin : Ceci n’évolue pas car le sexisme a débuté très tôt dans l’histoire de l’humanité, il est donc ancré dans la société. Aussi, la scolarité a été tardive pour les femmes et celles-ci sont, en moyenne, moins rémunérées que les hommes. Par exemple, pendant la Seconde Guerre Mondiale, les munitionnettes ont été payées 53 % du salaire des hommes, soit la moitié.

Comment expliquez-vous les injustices, les violences, les agressions faites aux femmes ? Pourquoi la majorité des viols sont commis sur des femmes ?

      Les femmes sont considérées, à tort, comme des êtres inférieurs, pour des raisons historiques. Il y a aussi la pornographie, les jeux vidéos (un jeu vidéo a été interdit en France car il consistait à marquer des points en violant une femme) qui remettent en cause la Femme. En moyenne, chaque année, les employées de sexe féminin travaillent deux mois sans être rémunérées (par rapport aux hommes).

À votre avis, est-ce que le mot « féminicide » pourrait entrer dans le Code pénal ? Est-ce que cela serait intéressant ?

      C’est un avis personnel mais en tant que citoyenne, c’est une preuve d’ouverture d’esprit et ce serait un avantage qu’il rentre dans le Code pénal car on parle aussi d’homicide et d’infanticide pour le meurtre d’un homme et d’un enfant.

En quoi consiste le Grenelle des violences faites aux femmes ?

      Le Grenelle est un groupe de réflexion créé par l’État qui permet d’accorder du temps aux femmes dans toute la France. Il a mis en place un numéro de renseignement national sur les agressions et autres violences commises sur les femmes : le 3919. Le 9 de ce numéro fait référence à sa date de création (septembre), et le 19 est le numéro de renseignement national.

Est-ce que le milieu social influe sur les viols et violences faites aux femmes ? On accuse souvent les étrangers et les migrants de ne pas respecter les femmes ?

      Non, les violences sont commises dans tous les milieux sociaux et culturels. Cependant, ils sont plus repérés en ville car les immeubles ont beaucoup d’habitants dans un espace restreint ; contrairement aux grandes demeures, les habitants entendent donc plus les bruits de leurs voisin.e.s. Aussi, il y a plus d’habitants dans les quartiers en ville qu’en campagne, donc il y a malheureusement plus de viols.
      L’alcool a tendance à être l’excuse du violeur mais le comportement de celui-ci, avec, ou sans alcool, ne change pas sa personnalité ; ce qui veut dire que l’agresseur, étant déjà violent, l’est encore plus sous l’effet de l’alcool.
      Une des principales excuses de l’agresseur jugé est : « J’ai des besoins » ...

Pourquoi les femmes portent-elles si peu plainte ?

      Les femmes portent si peu plainte parce que la procédure est très longue et, en attendant, il faut avoir le courage de se confronter à son conjoint qui sait que sa compagne l’a dénoncé. Le Grenelle va donc mettre en place une amélioration de la formation des forces de l’ordre, leur apprendre à repérer une femme victime, évaluer les différents niveaux de violences et mieux accueillir les plaignantes.

Comment peut-on faire comprendre que lorsqu’une femme dit non, c’est vraiment non ?

      Non, c’est vraiment non, point final.

Que pensez-vous du traitement des femmes par rapport à certaines religions comme le catholicisme et l’islam ? Est-ce une violence ?

       Aucune religion n’a vraiment bien traité les femmes. Selon la religion, les femmes sont créées de quelque chose de masculin, les religions sectaires sont toxiques. Jadis, les femmes savantes étaient ignorées.

La difficulté d’arriver à l’I.V.G. est-elle une violence ?

      Oui ça l’est, l’avortement est une décision qui appartient seulement à la femme, personne ne doit choisir à sa place. Certain médecins refusent de pratiquer l’I.V.G. malgré la demande de la femme.

La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, s’est exprimée pour signifier que l’action de la justice est insatisfaisante puisque 80 % des plaintes déposées par des femmes étaient classées sans suite. Que devrait-on faire, selon vous, au niveau judiciaire ?

      Le Procureur du département, M. Dulin, a demandé de nouvelles orientations renforcées : une prise de plainte avec audition systématique, une comparution immédiate (l’agresseur convoqué rapidement), puis un jugement direct.
      Le 25 novembre 2019 (journée internationale dédiée à l’élimination des violences faites aux femmes) le premier ministre et la ministre Schiappa ont décidé d’augmenter le nombre d’appartements disponibles pour la mise à l’abri des femmes ayant subies des violences.

      Au Presse-papier, nous avons formulé diverses propositions à l’issue de cette interview :
- le numéro vert 3919 accessible 24h/24h.
- l’amélioration de l’accueil des femmes dans les commissariats avec des policières mieux formées. Il faudrait aussi travailler sur l’éducation des garçons et des filles.
- la mise en place de formations spécifiques contre les violences pour les policiers et policières.
- et enfin, une multiplication des appartements où les femmes sont mises à l’abri et cachées.
      Pour finir, avec Madame Lorin, nous avons aussi parlé de l’écriture inclusive qui consiste à mettre les femmes au même niveau que les hommes.
Exemple : Ils sont entrés (en parlant d’un homme et d’une femme) serait Ils/Elles sont entré(e)s en écriture inclusive.
Il y a aussi l’écriture épicène : dire « les droits humains » plutôt que « les droits de l’homme ».
 
                                    Léna et Marie


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© Le Presse-papier & Collège Philippe de Commynes (Tours) 2020

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