Le "Presse-papier" accueille deux pigistes qui ne sont pas de la classe-presse.
Un exemple à suivre.

Les Misérables
de Ladj Ly : film réaliste au titre original, à voir absolument.

     Dans ce film, prix du Jury au Festival de Cannes et prix du meilleur film de l'année 2020 aux Césars, le spectateur suit un brigadier, Stéphane Ruiz, qui intègre la brigade anticriminalité, la BAC de Montfermeil dans le 93 et qui fait équipe avec Chris et Gwada, deux « baqueux », interprétés par Alexis Manenti et Djebril Didier Zonga.
Le film est réaliste parce qu'il fait une description objective de la cité de Montfermeil : il nous montre que les habitants sont des gens abandonnées par l'État.
      C'est un film contemporain, qui nous parle. L'émotion qu'on ressent tout au long du film est l'empathie pour ces deux « héros » que sont Stéphane Ruiz surnommé Pento par son chef et le petit Issa, un enfant du quartier dont on suit les mésaventures. Ces deux personnages sont totalement différents : l' un est un policier, l'autre un jeune de la banlieue, issus de deux mondes qui s’affrontent.
      Cependant dans le film, il y a des moments drôles comme la scène où le frère du

« maire de la cité», une sorte de mafieux pitoyable et local,
fait cuire un steak au soleil, un jour de canicule !Il y a des moments drôles pour avoir un peu de repos avant l'acte final.
      Dans le film de Ladj Ly, les relations entre la police et les jeunes de cités sont tendues comme c'est le cas en France aujourd’hui dans certains quartiers. Pour écrire ce film, le réalisateur s'inspire d'une bavure policière commise en octobre 2008 dans un hall d'immeuble à Montfermeil, dans la cité des Bosquets, scène qui, à l’époque, avait été filmée par Ladj Ly alors qu'il était « copwatcher », surveillant des pratiques douteuses de certains policiers.
      Ladj Ly a choisi d’appeler son film « Les Misérables » car Victor Hugo a écrit son célèbre roman à Montfermeil. Mais qui sont- ils, ces misérables pour le

réalisateur ? Cette réponse est complexe puisque Gavroche pourrait être Issa, en effet il enchaîne les malheurs, Javert pourrait être le policier Chris puisqu’on peut noter que lorsqu' il a une cible, il ne la lâche pas ... Ladj Ly utilise aussi ce titre pour une raison : Tous les personnages – y compris les fonctionnaires de police – vivent dans la misère, les rues sont délabrées, les jeunes n'ont aucune activité : ils jouent avec les couvercles de  poubelle qu'ils utilisent comme une luge dans les immondices... Tous sont misérables... Sans solution, ils sont dans une réelle impasse économique et sociale.
      Globalement, le film nous fait intelligemment réfléchir sur notre société. Selon moi, c'est un chef- d'œuvre de réalisme, un film de genre dramatique et surtout ce qui est marquant, c’est l'émotion qui nous étreint, là, tout au long du film avec une fin mystérieuse et surprenante qui donne une étrange impression, celle d'être nous aussi les Misérables du titre, tout autant que les personnages de la fiction….
      Nous vous conseillons vivement d' aller voir ce film car c'est une œuvre coup de poing qui rend hommage aux gens qui tentent de trouver leur place dans les cités.

Noural & Raphaël